Et la pierre tombe...tombe...

Ca faisait environ trois jours que ses parents étaient morts et qu'elle avait revu son frère. Trois jours aussi qu'elle l'avait revu en face pour la première fois en cinq ans, et même pas un sourire. Trois jours qu'elle errait comme une âme en peine. Trois jours qu'elle ne faisait que marcher. Marcher pour oublier. Oublier ses parents morts, oublier la froideur du visage de son frère. Marcher pour ne plus penser. Ce jour-là, ses pas l'amenèrent près du Trou des Damnés.

Elle y venait souvent ici avant, quand elle s'ennuyait. Maëly accomplissait toujours le même rituel, comme si tout son corps bougeait tout seul. Elle s'asseyait au bord du trou et regardait le gouffre noir. C'était beau, si paisible. La jeune fille se demandait combien de temps, on volerait, si on tombait dedans. Bien sûr, elle n'avait jamais essayé, mais ce n'était certes pas l'envie qui lui manquait.

Et elle jetait sans arrêt des pierres. Toujours le même nombre. 144... Pourquoi, elle même ne le savait pas. Maëly espèrait à chaque fois qu'un écho de la pierre tombée parvienne à son oreille. Mais comme tout ce qu'elle souhaitait le plus au monde, rien ne vient. Peut être que le trou était sans fin finalement. Peut être qu'elle était sourde, ou incapable de d'entendre un petit ploc.

Arrivée devant le trou, elle s'assit sur le rebord du puit, les yeux dans le vagues, et les pieds qui tapaient contre les parois à l'intérieur de puits. Puis, au bout de quelques minutes, pour ne pas changer les bonnes vieilles habitudes, la jeune fille se mit à lancer des pierres. Une... Deux... Trois.... Quatre-vingts...

Le vent soufflait et faisait voltiger ses cheveux, ainsi que sa robe. Il ne faisait pas vraiment chaud ce jour-là, mais Maëly perdue dans ses pensées ne sentait pas le vent transpercer ses habits, pour s'engoufrer au fond de son coeur, faire son nid. Non, elle n'entendait rien, ni ne voyait rien, mis peut être à part le gouffre noir qui semblait lui tendre les bras.

Dimaël était revenu il y a 3 jours de la soirée à l'occasion de la naissance de cette terre. Il était très fatigué et ne s'était pas amusé comme il l'aurait voulu. Il avait quitté Hazel sans même un au revoir, poussé par les gens pressés de partir. Il s'était laissé emporter par le flot, sachant qu'il ne la reverrait pas avant un bon moment. Il s'en voulait de ne pas avoir remonté cette marée humaine afin de lui dire au revoir, il était trop fatigué pour ce battre.
Le problème qu'il avait eu avec l'oracle Kalipsa, le fait qu'il ne puisse la maîtriser alors que son frère le faisait sans peine. Il se sentait terriblement impuissant et renfermé sur lui-même. Le rayon de lune apporté par Hazel n'avait été qu'éphémère. Et puis, la guerre s'annonçait et il n'aurait plus le temps pour rien. Pourquoi avait-il pris le choix de l'armée ? Et dire qu'il aurait pu rester tranquillement à tenir le bar de ses parents ...

A son retour, il apprit une nouvelle déchirante quant à ses derniers. Ils étaient morts dans l'incendie de leur bar. Quelle nouvelle affligeante ! Après tout ce qui c'était passé au cours de sa vie, il n'eut pas même une once de tristesse. Après tout, ils ne l'avaient jamais aimé et avaient refusé le fait qu'il s'engage dans l'armée. Dimaël ne leur avait jamais pardonné.

Et puis une autre charge lui incombait, celle de sa soeur. Elle se retrouvait à présent orpheline. Il l'avait conviée à un rendez-vous et fut très surpris du changement dans l'attitude de sa soeur. Quelque chose c'était cassé, il le savait mais il ne pensait pas que ça allait jusque là. Il n'éprouva aucune joie à ses retrouvailles qui auraient pourtant dû être magiques. Pourquoi ? Avait-il tellement changé au point de ne rien éprouvé dès que quelque chose de 'mauvais' arrivait ? Dimaël avait tellement bien appris à devenir impassible que cela revenait toujours, comme une mauvaise habitude. C'était une attitude derrière laquelle il se cachait, par peur d'être blessé. Derrière la façade de pierre, sa cache un coeur tendre, enfin tendre pour le peuple des ténèbres bien sûr.

Il s'était éclipsé discrètement de ses appartements, profitant de ces derniers moments de liberté avant la Grande Guerre. Il usa de son pouvoir des ombres afin de se fondre totalement dans le décor pour que personne ne le remarque et donc pour que personne ne le dérange.

Il alla vers son endroit préféré, c'est-à-dire le trou des Damnés. C'était le lieu où il faisait le plus sombre, lieu qui ressemblait étrangement à Dim pour le moment.

Il s'accroupit au bord du précipice et regarda vers le fond, se laissant aspiré par les ténèbres. C'était un moment de liberté tel qu'il ne l'avait jamais ressenti jusqu'à maintenant. Il était pourtant venu de nombreuses fois ...

Soudain, il entendit des bruits de pas qui se rapprochait. Se pourrait-il que dans son moment d'extase sa magie ait diminué ? Non, impossible venant de sa part. La personne se rapprochait pourtant de plus en plus, elle s'assit même à côté de lui. Non, elle ne l'avait pas vu.

Il tourna la tête pour voir cette personne et quelle ne fut pas sa surprise quand il vit que c'était Maëly, sa soeur donc. Elle resta là sans rien faire puis pris des pierres et commença à les jeter.
Une partie de Dimaël voulait dire quelque chose mais les mots ne venaient et ne sortaient pas. Il opta pour une autre solution, il enleva petit à petit les ombres qui l'entouraient, il ne le fit pas d'un coup sinon Maëly aurait la frousse de sa vie.
Alors que son corps était devenu plus ou moins transparent, càd qu'il n'avait pas encore entièrement retiré les ombres, il hésita. Avait-il réellement quelque chose à lui dire ?

Maëly continua de jeter les pierres, sans se préoccuper de ce qui se passait autour d'elle. A vrai dire, qu'est-ce que ça pouvait bien changer qu'il y ait quelqu'un ou non. Il la prendrait sûrement pour une folle ou plutôt pour une petite fille de six ans perdue au milieu de rien.

C'est vrai que la plupart des personnes pensaient que Maëly était une jeune fille perdue, qui ne sait pas ce quel veut. Ce qui n'est qu'un préjugé. Maëly sait très bien ce qu'elle veut, son seul problème, c'est comment faire pour y parvenir? Et même si elle y arrivait, etait-ce qu'elle voulait vraiment?

Elle en était à sa 143ème pierre, quand elle sentit un souffle plus puissant que les autres à sa droite. Brusquement, elle arrêta de lancer des pierres pour tourner la tête. Au début, elle ne vit rien, mais plus elle se concentrait, plus il lui semblait voir la silhouette de son frère. Est-ce que son esprit lui jouait des tours?

Un voile de transparence remplaçait encore le corps de son frère, mais pourtant, elle ne savait pourquoi, elle était certaine que c'était lui. Le premier reflexe de Maëly, apparut sur son visage, en forme d'un large sourire, mais la jeune fille se reprit vite, et son visage redevint impassible.

Pourquoi lui avait-elle sourit. C'était une idée ou plutôt un reflexe débile. Qu'est-ce qu'il pouvait bien en avoir à foutre d'elle et de plus, elle n'avait aucune envie d'y parler. Doucement, elle le regarda de nouveau de ses yeux sombres et le fixa, sans bouger. Pleins de questions s'entre-choquaient dans sa tête, mais une chose était claire, ce ne serai pas elle qui fera le premier pas.

Maëly ...

Ils se fixaient à présent. C'était une situation très étrange. Il peut au moins l'observer de plus près. Elle avait terriblement changé. Ses cheveux avaient poussé et sa silhouette était plus élancée. Elle avait vieilli, elle n'était plus la petite fille qu'il avait connu. Ca le perturbait en un sens, il ne pourrait pas lui faire croire n'importe quoi. Son attitude ne pouvait être excusée. Lui-même ne savait pas s'expliquer pourquoi il avait été si froid avec sa soeur, celle avec qui il partageait tout auparavant.

Il se contenta de la regarder, comme si par ses yeux il voulait lui dire qu'il était désolé que leur vie ne puisse être comme avant.
Enfin, il se décida à briser ce silence de plomb ...

"Je ne suis plus le même que tu as connu."

Une simple phrase qui résumait si bien dans quel état d'âme il était. Il se rappela les venues de sa soeur aux différents discours de l'ancien chef. Il avait dû rester impassible et il avait ignoré sa soeur. Cela avait été une dure épreuve. Mais Dim était tellement égoïste qu'il s'était dit que c'était pour son avenir qu'il devait l'ignorer, pour qu'il puisse un jour monter sur le trône.

"J'ai fait des choses que tu ne pourrais pas imaginer ..."

Après cette phrase, il se recacha dans ses ombres et disparut presque de la vue de sa soeur.
Soudain tout lui revint en mémoire, tout ce qu'ils faisaient ensemble avant, la façon dont ils s'amusaient et puis la fierté qu'il pouvait lire dans les yeux de Maëly. Il ne put réprimer un soupir et un sourire. Pourquoi n'était-il pas resté sagement dans le bar familial ?

Maëly sentait peser sur elle le lourd regard de Dimaël. Elle avait l'impression qu'il la dévisageait de la tête au pied, et soudain, elle se mit presque à être gêné. C'était une des rares fois depuis son départ qu'ils étaient seuls, mais le silence commençait à devenir pesant.

Pourtant, elle ne cessait de l'observer, toujours impassible, même si ses yeux trahissaient certaines émotions, telles que la colère, la haine, la tristesse, la joie, l'amour. Toutes ses émotions se trainaient dans ses yeux, petit mélange de chaque.

A sa plus grande surprise, son frère parla d'une phrase si simple que cela devenait presque embarassante. De plus, elle reflétait bien l'état d'âme de Dim, ainsi que ce que la jeune fille avait comme poids au fond de son coeur. Prise de court, et submergé par la tristesse, Maëly lança, malgré elle, d'une voix railleuse.

- Non, tu crois?

Dire cette phrase lui fit mal, mais après tout le jeune homme en face d'elle n'est pas son frère. Ce dernier avait du quitter ce monde depuis un moment. L'homme en face d'elle, était vraisemblablement un inconnu. Un inconnu qu'elle aimait...

"J'ai fait des choses que tu ne pourrais pas imaginer ..."

Ces paroles sortis presque aussitôt après mirent Maëly mal à l'aise. Elle posa son regard sur son frère et le regarda d'un air perspicace. Petit à petit, il se remit à disparaître sous ses démons, desquels peu auparant, il était apparu.

Au plus profond d'elle, Maëly n'avait qu'une envie. Plonger, prendre son frère dans ses bras et lui dire que ce n'était rien. Mais bien sûr, elle fit tout le contraire, comme à son habitude, très mauvaise. Elle croisa lentement les bras sur sa poitrine et d'une voix pareille à la première fois qu'elle lui a adressé la parole, elle lança.

- Non, puisque tu m'en as jamais parlé. Et puis, je m'en fous. On est plus du même monde. Retourne t'occuper de ton peuple et laisse-moi.

La jeune fille détourna son regard, ne pouvant supporter celui de son frère plus longtemps, après tout, elle venait de le repousser, malgré le fait qu'elle espèrait tout le contraire. Peut être avait-elle plus vraiment envie de faire confiance.

Elle reposa doucement ses yeux sur son frère. Il avait tellement changé, tant physiquement que psychologiquement. C'était devenu un très beau jeune homme. Maëly ressenti de la fièrté, car elle se dit qu'elle lui ressemblait sûrement encore un peu. Dommage qu'il soit si froid.

Ce que lui dit sa soeur blessa son amour propre. Etait-il devenu à un tel point si froid pour que Maëly lui parle ainsi ? Il fallait bien avouer qu'il l'avait cherché. Lui, qui avait été pris par ses ambitions, avait tout laisser tomber et avait effacé le dossier "famille" de sa mémoire. Il les avait totalement laissé sans nouvelles, il ne leur avait plus parlés. Ce qu'il regrettait un peu vu la disparition de ses parents, il n'avait pas pu leur dire tout ce qu'il avait sur le coeur.

Lentement, il se leva et regarda de tout son haut sa petite soeur. Contre toute attente, il ne sut reprendre son ton de voix habituel, càd glacial et tranchant, il parla d'une voix douce. Il en fut surpris et ne se reconnut plus.

"Tu fais partie de mon peuple, Maëly."

Et donc il devait s'occuper d'elle aussi, il lui devait des tonnes d'explications mais la plupart de celles-ci étaient de lourds secrets qu'il préférait ne pas révéler, même Angela, son bras droit, ne savait pas grand chose de lui. Maëly, elle, en savait plus puisqu'elle connaissait toute sa jeunesse, son enfance. Angela, elle, ne savait que ce qui s'était passé depuis sa nomination à la tête du peuple des ténèbres. Mais entre-temps, il y avait eu trois longues années, où personne ne sait ce qu'a fait Dim.

Maëly observa longuement son frère. Pouquoi paraissait-il toujours impassible, tel une statue de pierre. Elle préssentait une lourde sensation de mystère autour de lui. Avait-il tellement de choses à cacher? De toute façon, la jeune fille se persuader qu'elle s'en foutait de son frère perdu, à présent.

Mais la phrase glaciale de Dim ne rendit pas Maëly indifférente. Le ton de la voix de son frère lui réouvert un peu plus la cicatrice au fond de son coeur qu'elle avait passer tant de temps à coudre. Pourtant, pour feindre l'ignorance, elle baissa la tête pour de nouveau regarder le trou noir et murmura méchamment, juste assez fort pour qu'il puisse entendre.

- Ouais, ça je le sais, et malheureusement, je ne peux rien faire contre.

Maëly bougea gentiment les pieds d'avant en arrière, les tapant ainsi contre les parois du mur, faisant résonner de brefs "Baoum, Baoum" autour d'eux. Au bout de quelques secondes, elle s'arrêta afin de tourner ses yeux vers son frère.

D'un sourire faux, hypocrite, elle lâcha d'une voix neutre.

- Tu ne devrais pas rentrer? T'occuper de ton précieux royaume?

Comment en une seule phrase pouvait t'on faire comprendre tant de choses? Maëly avait fait comprendre gentiment à son frère qu'elle aimerait qu'il lui foute la paix. En appuyant aussi sur le "précieux", Maëly laissait sous-entendre que dans la vie de Dim, il n'y avait jamais rien eu d'autre que son royaume.

La jeune fille avait dit cela tellement simplement qu'elle se demandait si elle était pas devenue elle aussi un monstre, pareil à son frère. Après tout, c'était ce qu'elle avait toujours voulu, lui ressembler. Mais à partir de ce moment même, elle comprit que ce rêve n'était rien d'autre qu'un émerveillement et d'une inconscience pure. Elle n'avait plus envie de lui ressembler.

Dimaël sourit, ironiquement bien entendu. C'était dur de jouer le méchant et malheureusement, chez sa soeur ça sonnait faux. Surtout pour Dim qui la connaissait quand même ... Le ton méchant et ironique qui était sorti de sa bouche aurait pu faire rire le jeune homme.

"Ce ton ne te va pas. Comme toujours tu veux me ressembler mais tu n'y arrive pas ..."

Un sourire narquois apparut. Elle désirait la guerre et bien elle l'aurait et cela ne pouvait qu'enchanter le chef du peuple le plus sombre de cette terre. C'était vrai qu'à force de jouer les méchants, on y prend goût et on veut l'être à chaque instant.

"Comment as-tu pu croire que tu me ressemblerais un jour. Tu ne connais rien de ma vie et tu ne sais en aucun cas ce que j'ai fait pour en être arrivé là. Tous les évènements qui se sont passés ont fait naître en moi le Dimaël ténébreux. Je refoule celui que tu as connu, je me demande encore comment j'ai pu être ainsi."

Il s'avança vers le bord du précipice et regarda vers le fond. Il regarda sa soeur et puis il plongea dans le vide.

Maëly eut soudain la sombre impression que celui qui était, par les liens du sang, son frère, se moquait complétement d'elle. Elle n'avait pas spécialement tout tort, en effet. Et même si c'était seulement la véritée qui sortait de sa bouche, elle essaya tant bien que mal de désapprouver sa reflexion.

- Non, j'veux pas te ressembler. En tout cas pas à l'homme que tu es devenu maintenant.

Devant son sourire narquois, Maëly fut un peu désorienté, elle n'avait que peu vu ce sourire sur le visage de son frère. Et cela lui déplaisait bien plus qu'un peu, mais pour rien au monde, elle l'aurait avoué. Elle se contenta de lui offrire son regard le plus sombre.

Tout en Maëly imprégnait la méchancetée, l'impassibilité, et surtout le je m'en foutisme. Mais malgré tout cette façade qu'elle tentait de montrer aux autres, la phrase de suivante, celle qui sortit de sa bouche, s'enfonça tel une lance dans son coeur.

Peut être s'était-elle renfermé dans un rêve, celui de ressembler le plus possible à son frère. Sûrement avait-elle été aveugle? Aveugle de voir que cet homme devant elle qu'elle avait à présent du mal à l'appeler frère, n'était rien d'autre qu'un démon, après tout.

- Je suis sûrement trop bête pour te ressembler. Je me pose aussi la question comment tu as pu tellement changé. Peut être que tu as toujours été méchant. Si c'est ce que tu voulais, ne pleures plus, tu as réussi. Et pas rien qu'un peu.

Maëly reprit lentement son souffle après cette longue tirade, dite d'un ton haineux. Elle regarda de nouveau le jeune homme devant elle. Il ne devait pas être humain, ce n'est pas possible. Ce dernier sauta dans le gouffre à côté d'eux.

Inconsciemment, Maëly poussa un petit cri strident, mais le refoula vite, pour faire place à un sarcasme. Après tout, il pouvait se tuer, s'il le voulait, ce n'était plus son problème. Plus? Malgré sa volonté de penser ça, une partie d'elle était toujours attaché à Dim, et elle aimerait bien qu'il se détache.

Elle s'approcha du bord, et regarda en-bas. D'une voix pleine de sarcasmes, elle cria pour que son frère, peut être déjà mort, entende.

- Tu peux te tuer, vieux fou. Ca me passe par-dessus.

Mais Maëly ne tourna pas les talons, elle resta à regarder en bas, espèrant au plus profond d'elle un retour de Dim. Elle ne voyait rien dans le trou noir. Rien que le vide. Pas un bruit. Elle aurait tant aimé crié le nom de son frère, mais elle se tut.

"Tu croyais réellement que j'allais me tuer ? Je tiens trop à la vie pour faire pareille idiotie."

Dimaël sourit de toutes ses dents. Celles-ci, blanches comme la neige, juraient horriblement avec les ténèbres qui l'entouraient. Dimaël reposait, élégamment, sur un trône d'ombre, en plein milieu de la faille. Les ténèbres l'entouraient et semblaient bouger autour de lui.

Petit à petit, il fit avancer le trône jusqu'au bord mais il ne mit pas le pied à terre, il resta là sur son siège d'ombres et regarda sa petite soeur.

"Pathétique. Tu dis me détester mais tu restes là. Si tu me détestais vraiment tu serais partie, sans même jeter un regard à ce trou. Et puis ce cri que tu as lancé quand je me suis jeté dans le vide, il est sorti tout naturellement."

Il ricana. Qui mieux que lui pouvait être mauvais ? Sa soeur, en tout cas, avait encore beaucoup de chemin à faire, ne fut-ce que pour avoir un dixième de sa méchanceté. Mais bon, elle pouvait le surprendre. Elle était très persévérante.

Dim se souvenait très bien de ces instants, où sa soeur, pensant que son frère était parti, s'entraînait très durement en refesant les même gestes que son aîné. Dim l'espionnait bien sûr et il était fier de voir quelqu'un faire cela. Elle était très très concentrée sur son travail et c'était magnifique à voir. C'était aussi pour elle, qu'il avait décidé de devenir chef, pour qu'elle soit encore plus fière de lui ...