Besoin de plantes...[PV]

Sylvian avait besoin de plantes. Et de fioles.
Il était à court de médicaments, et si il voulait continuer de soigner ses patients efficacement, il avait absolument besoin de refaire le plein de plantes médicinales. Il s'était donc rendus chez un herboriste. Il fut particulièrement déçu de voir que le choix était très restreint, mais ne broncha pas. Après avoir inspecté de longues secondes chaque feuille, herbe ou poudre déjà faite qu'il achetait, il se dirigea vers le comptoir où il découvrit avec effarement que les prix étaient exorbitants...
Même pour lui qui gagnait trois fois plus que la moyenne des habitants de la lumière.
Il mis le tout dans une poche intérieure à sa veste, dans un petit sachet, puis, au moment où allait sortir, une petite gamine entra dans le magasin. Elle retint toute l'attention du médecin. Son apparence n'était pas vraiment commune...Deux oreilles et une queue de chat la rendait très différente des autres gamines.

Mais le médecin étai tloin de la considérer comme un monstre. Il était juste curieux...

Natsuko entra d'un pas hésitant dans la boutique, regardant autour d'elle comme si un monstre allait sortir de l'un des bocaux alignés sur les étagères de l'herboriste. Elle serrait dans sa petite main les deux pièces qu'elle avait gagné au cirque, et qui allaient vite se transformer en médicaments pour son grand-père. Elle ne savait même pas si il était toujours vivant, mais qu'importe, elle ne pouvait pas se présenter à la maison sans rien dans les mains.

A petits pas, la petite neko s'approcha du comptoir, et déposa sa monnaie sur la soucoupe destinée à la recevoir.
D'une voix étonnamment mûre pour son apparence, elle demanda au vendeur "la même chose que d'habitude", et se tint devant la table avec une envie évidente de se rentrer la tête entre les épaules pour se soustraire aux regards curieux des gens autour.
Elle aurait donné cher pour ne pas être là, mais c'était indispensable.

...La prochaine fois, elle éviterait de garder son gros noeud autour du cou et son grelot.

Sylvian n'avait pas bougé d'un pouce. La petite n'avait pas dis un mot, et avait déposé un peu d'argent sur le bureau du vendeur... Elle devait être une habituée, car sans qu'elle eut besoin de dire quoi que ça soit, l'herboriste lui apporta quelques médicaments tous faits.
En bon médecin qu'il était, il ne pu s'empêcher de lire les noms inscrits sur les fioles que la petite avait acheté.
Des anti-douleurs, des choses contre la fièvres... Soit c'était pour un gros rhume, soit pour une maladie pas encore identifiée. Curieux, et poussé par l'envie d'en savoir plus, Sylvian se dirigea vers la petite en disant, d'une voix gentille et énergique ;

"Et bien! Tu es malade, petite fille? Je suis médecin, tu as quoi?"

Le médecin lui fit un petit sourire, et utilisa discrètement ses yeux si spéciaux pour examiner l'intérieur de la tête de la petite. C'était tout bonnement incroyable... Et merveilleux.

Natsuko sursauta quand on lui adressa la parole.
Sa première réaction aurait été de répondre qu'elle n'était pas une petite fille, si elle n'avait pas été tant habituée à jouer ce rôle. Cependant, elle espérait que sa voix étonnamment adulte dirait la vérité pour elle.

"Je suis pas malade, m'sieur... C'est mon papy. Il faut que j'aille lui porter ses médicaments."

Elle saisit le sachet en papier que lui tendait l'herboriste avec un sourire et un hochement de tête qui fit tinter son grelot, et y fourra les fioles.
La neko se dirigea vers la porte, à présent que ses emplettes étaient faites.
Ce n'était pas qu'elle n'avait pas envie de rester le point de mire.... Mais c'était tout comme.

Sylvian sourit doucement et suivit silencieusement la neko dehors, une fois qu'elle fut sortie. Lorsqu'ils furent à l'extérieur, Sylvian lui dit :

"Si tu le désires, je pourrais voir ton grand-père dans ce cas. Je n'ai pas vraiment le temps, mais bon... A ce que j'en devine, on ne sait pas de quoi il souffre, c'est exact?"

Il hésitait. La petite semblait assez mûre pour son apparence de gamine, et elle aurait facilement pu le prendre pour un pédophile... Vouloir la suivre comme ça... Sylvian ne savait lui-même pas pourquoi il désirait si ardemment l'accompagner. Il essaya de se justifier pour lui-même:

"Et comme j'aime les défis, je me disais que je pourrais essayer de soigner ton papy..."

Natsuko regarda l'inconnu d'un air de méfiance. Elle savait parfaitement qu'elle était "bizarre"... Et que ça rapportait pas mal d'argent au cirque où elle "travaillait". Raison de plus pour se méfier.

"Non, on sait pas... Le guérisseur a dit que c'était les vapeurs de ses potions qui lui montaient à la tête."

Ce n'était pas tout à fait faux : le vieil alchimiste qui lui servait de grand-père était quand même à la base de la petite déformation féline de Natsu.
Quand il lui proposa de soigner son papy, elle haussa les épaules, essayant de ne pas paraître intéressée.

"Je sais même pas si il vit encore... Je dois acheter les médicaments avant d'aller le voir."

Elle pressa légèrement le pas, mais avec des jambes d'une longueur aussi négligeable, ce n'était pas forcément facile.
De plus, il y en avait encore pour un moment de trajet, enfin à sa vitesse ; la maison était en bordure de la ville, loin de toute l'agitation du centre. Et bienheureusement, elle était fermée de sorte que les regards curieux ne puissent suivre l'adolescente à l'intérieur.

Sylvian regarda la petite accélérer. Elle ne lui faisait vraiment pas confiance apparemment. C'était bien dommage... Le médecin la trouvait adorable, cette petite, et ne lui voulait vraiment aucun mal. Mais ça aurait été suspect de dire ça ainsi... Il fit un petit sourire en disant :

"Si tu refuses que je t'accompagne, dis-le... moi, je veux juste t'aider, tu sais...Je ne veux pas te faire de mal, je suis médecin, pas pédophile."

L'homme sourit un peu à Natsuko. Il ne connaissait même pas son nom, mais, outre son apparence, il la trouvait vraiment spéciale. Il y avait un petit quelque chose qui la rendait incroyablement intéressante... peut-être la maturité qu'on pouvait entendre dans sa voix, par rapport à son apparence. Le médecin que Syll était bouillonnait d'une envie de lui pauser dix milles questions, mais il se retenait, sachant ce que c'était d'être considéré par la majorité comme un monstre.
Il la rattrapa et se mit à côté d'elle, guettant une réaction aux paroles qu'il avait prononcé un peu plus tôt.

Natsuko finit par renoncer, et rester à sa hauteur. Elle soupira et secoua la tête, faisant tinter l'énorme grelot qui parait son cou.

"Je suis petite, m'sieur, mais vous pourriez pas être pédophile, j'ai dix sept ans. Et je ne suis pas une menteuse."

Malgré tout, même si elle était presque majeure, il n'empêchait que ses petits bras avaient du mal à porter le lourd sac de médicaments. Autant dire qu'elle avait hâte d'arriver, même si elle ne savait pas trop devant quoi elle allait se trouver. Déjà, la dernière fois où elle avait vu son grand-père, il était au plus mal... La petite neko ne se faisait pas d'illusion.

"Mais pourquoi vous tenez tant que ça à me suivre ?"

Natsu n'était pas particulièrement dérangée par sa présence, maintenant qu'elle y pensait. Mais quand même. Elle avait l'habitude des regards curieux, mais généralement seuls les enfants essayaient de l'approcher d'un peu plus près... Ou les pervers, parfois, aussi.

Sylvian se doutait qu'elle allait poser ce genre de questions...
Il laissa passer un petit soupir, et, tout en essayer de percer le mystère de son apparence assez jeune par rapport à son age, et sans quitter du regard la joli petite queue féline qui sortit du bas du dos de Natsuko, le médecin avala un peu de salive avant de répondre :

"Je suis curieux, c'est tout. Une maladie inconnue, ça m'intrigue. Et, je dois bien l'avouer, tes... 'atouts félins' m'interpellent aussi..."

Il ignorait si il avait bien fait de parler de façon si franche, mais il n'avait plus affaire à une gamine, mais bien à une jeune fille de dix-sept printemps. Il laissa sa main s'égarer inconsciemment dans ses propres cheveux, puis sourit en reprenant la parole :

"Mais si tu refuses mon aide, tant pis pour moi... Je ne veux pas te forcer non plus."

Natsuko ralentit un peu... Enfin si bien sûre sa vitesse plus que réduite pouvait être ralentie, et regarda la médecin d'un air empreint d'hésitation. Et reprit sa marche comme si de rien n'était.

"Comme vous voudrez, m'sieur. Mais je sais même pas si mon papy sera en état d'être examiné."

Elle ne prononça plus aucun mot sur le reste du trajet, et bientôt, une bâtisse quelque peu branlante, aux fenêtres obstruées de sorte qu'elle avait l'air d'un immense tombeau. Très joyeux. Natsu se planta devant la porte et déposa son gros paquet de médicaments sur le perron. Sa petite robe n'ayant pas de poche, et la rue étant totalement déserte -presque, quoi-,; la neko fit comme d'habitude, elle glissa une main sous le gros ruban bleu qui ornait son cou et en sortit une petite clef argentée. Clef qu'elle glissa dans la serrure de la porte. Logique.

La première chose qui la frappa en rentrant était l'odeur épouvantable. La seconde, la traînée brunâtre par terre.
Elle eut un sourire sans joie : elle savait déjà ce qu'elle allait trouver dans le séjour, dans le fauteuil préféré de son grand-père. Et curieusement... C'était un soulagement.

Sylvian avait compris, lui aussi. Il lança quelques mots comme : "Attends moi ici..." avant d'entrer, et de suivre lentement les traces sanglantes au sol. Il avait connu maintes fois cette odeur putride, mais il détestait tout de même devoir la renifler.

En passant, il jeta quelques coups d'oeil sur la décoration de la maison et les divers meubles des pièces. Tout était plus usuel que joli, même si il semblait y avoir un ordre tordu dans les affaires disposées.
Le bras droit d'Hazel finit par déboucher dans le salon, où il trouva le corps sans vie du défunt grand père de la neko. Dont il ne connaissait toujours pas le nom, d'ailleurs.

Il s'approcha du cadavre et sortit un petit mouchoir blanc d'une de ses poches pour se l'appliquer soigneusement sur son propre visage, afin de se protéger de la puanteur nauséabonde que dégageait le mort.
Il ganta sa main qui ne tenait pas le mouchoir sur son visage, la droite, et s'attaqua au macchabée. Il était mort il y a quelques temps déjà; divers insectes entrés dieu-seul-sait comment dans la maison avaient déjà entrepris de décomposer le corps.

Outre les mouches qui volaient u peu partout autour du vieux, des mouvements furtifs sous la peau du pauvre homme indiquaient que d'horribles petits asticots dévoraient gaiement le mort de l'intérieur. Avec milles précautions, le médecin sortit son scalpel, pour improviser une petite autopsie, juste histoire de voir l'état des organes, vitaux ou non, et déterminer avec plus de précisions de quoi souffrait le vieil homme, et quel était le symptôme final qui avait emmené le papy de Natsuko dans l'étreinte si mortelle des enfers brûlants et si douce de la mort.

Sylvian enfonça son scalpel dans la peau du poitrail du cadavre afin de l'ouvrir en deux, comme une fermeture éclair. Mais il dut retenir un haut le coeur en découvrant un étrange liquide de couleur jaunasse gicler vers lui lorsqu'il enfonça la lame de son si précieux instrument médical dans le haut du torse de ce pauvre gars.

Mais la curiosité étant plus forte que le dégout, il continua son opération et ouvrit le corps jusqu'au nombril. Le liquide giclait au fur et a mesure qu'il coupait, et il eut une chance assez conséquente : a chaque fois, il parvint à éviter le jet. Il abandonna son mouchoir et équipa un second gant sur sa main gauche, nouvellement libre, pour écarter les peaux du vieux. Apparement, lui n'avait rien de félin; la petite(?) qui l'attendait dehors avait hérité de cela autrement.

Une fois qu'il eut une vue dégagée sur le dedans du corps, il découvrit un joli petit nid de ces vers blancs cités plus hauts, qu'il n'eut pas le courage d'enlever. Evitant soigneusement les bêtes grouillantes, il examina les organes et les vaisseaux sanguins. Ils avaient tous té comme... bouffés de l'intérieur, comme si il avait eut un genre de cancer généralisé. Mais ça allait plus loin, Sylvian s'en doutait.

Il alla ensuite jusqu'à la salle de bain, ou il nettoya plusieurs fois et très soigneusement son scalpel, en le désinfectant, et où abandonna ses gants. il revint vers Natsuko pour finir, et d'une voix morne, relança la discution :

"Il est mort... Mais il vaudrait mieux faire flamber la maison, c'est une véritable infection là-dedans. J'en parlerai à quelques soldats en rentrant au palais, plus tard. Maintenant, toi, que vas-tu faire? On ne se connait pas encore, mais mon sens de l'ethique m'interdit de t'abandonner dans cette maison infectée ou dans les rues, sans foyer..."

Natsuko, pendant que Sylvian faisait sa petite inspection, était restée dans l'entrée. Elle ne tenait pas particulièrement à voir son grand-père à l'état de cadavre. C'était préférable de garder une image de lui plus ou moins potable, car franchement, à choisir entre un cadavre décomposé et un vieillard gâteux, elle prenait le vieux.

Elle s'appuya contre le mur, et lentement, se laissa glisser au sol, se roulant en boule. Un bruit de grelots accompagna les quelques sanglots enfantins qui lui échappèrent malgré elle, avant qu'elle n'enfouisse son visage dans ses bras croisés, raison sans doute pour laquelle Sylvian ne se rendit pas compte qu'elle pleurait quand il revint, car elle était toujours dans la même position.

D'ailleurs, quand il lui parla, elle ne releva la tête qu'après un long silence, le temps de se recomposer un visage normal, ce qui était un peu raté. On aurait dit une petite fille qui avait un gros chagrin. A part qu'elle n'avait pas de maman pour lui faire un bisou magique.
[Bon, je stoppe le gagatage u__u']

D'une voix tremblante, elle répondit :

"J'travaille au cirque, m'sieur, de toute façon, j'ai un panier avec un gros coussin dans une jolie cage qui m'attend. Et une gamelle toute propre. Et y a plein d'enfants qui viennent me voir et qui rêvent de me gratter les oreilles.........Et plein de parents qui se demandent comment on me laisse vivre sans m'euthanasier."

Elle essaya de sourire, et sa lèvre inférieure trembla légèrement. Mine de rien, elle y tenait, à son papy...

Sylvian commençait à bien cerner la situation. Qui n'était pas très brillante, pour la petite et mignonne neko, d'ailleurs. Le médecin cherchait désespérément une solution au problème. Il n'avait pas le droit de la laisser retourner dans son "lieu de travail". Être fusillé de regards tout au long de la journée, par des gens hideux, collés aux barreaux de la cage, ça devait être vraiment horrible...
Enfin, une idée lui vint, comme si il y avait eut un petit déclic dans son esprit scientifique.

"Je vois... Mais... Cette nuit, tu vas faire comment?"

Il laissa passer quelques secondes d'un lourd silence. Le médecin hésitait un peu; devait-il être direct ou non? Quoi qu'il en soit, il finit par suggérer, en parlant lentement :

"Au pire, tu pourrais venir chez moi, enfin... C'est comme tu veux. Au fait, je ne t'ai pas demandé... Quel est ton prénom?"

Il sourit à la jeune fille et se rendit compte de son impolitesse. Lorsque l'on posait une question, il était normal d'y répondre sois-même avant. Il continua donc sur sa lancée :

"Moi, mon nom est Sylvian. Ca ressemble un peu à Sylvain, mais faut changer le 'i' de place..."

Il lui sourit et attendit une réponse de la part de Natsuko.

Natsuko regarda le médecin d’un air suspicieux, qui n’allait pas du tout avec son visage rond de petite fille. D’un point de vue extérieur, ça devait être comique, mais elle avait vraiment des doutes.
« Cette nuit ? Ben j’pensais retrouver mon coussin et ma cage, comme toutes les nuits. »

Elle se demandait bien pourquoi il avait tant d’intérêt pour une gamine anormale comme elle. Chacun son trip après tout. Elle haussa les épaules.

« Ce serait gentil à vous, mais je ne sais pas si ce serait une bonne idée que je perde le seul travail dans lequel on veut bien de moi, m’sieur. Je m’appelle
Natsuko. »

Les deux phrases étaient dites sur des tons totalement différents, ce qui rendait son discours décousu comme celui d’un véritable enfant. Finalement, elle n’était ni totalement adolescente, ni totalement enfant, c’était confus, ambigu.

« Enchantée, m’sieur Sylvian. Et pi merci d’être venu ici avec moi, en fait… Je crois que si j’avais été toute seule, ça aurait été nettement plus compliqué. »

Evidemment, son petit nez captait les effluves délicieuses en provenance de la pièce à côté. Mmmmh, un régal, ce cadavre ! Bref.
Toujours était-il qu’elle n’avait strictement aucune envie de voir la source de l’odeur. On la comprend.

La petite neko se leva, faisant glisser son dos contre le mur comme si elle n’était pas capable de tenir debout toute seule. Et si… Et si elle ne retournait pas au cirque ? L’hésitation se marqua sur son visage, et elle joua avec son grelot distraitement, comme si le tintement allait lui souffler ce qu’il fallait faire.

Sylvian écouta silencieusement son interlocutrice et sentit une colère immense monter en lui. Comment pouvait-on oser la mettre ainsi en spectacle? Son apparence était peu commune, mais, tout de même! C'était inhumain... Il se calma, puis parla doucement :

"Je n'appellerais pas ça comme un travail... Ecoute, Natsuko, j'ai des relations, ici, même si on pourrait croire le contraire. Je pourrais t'aider un peu..."

Il s'accroupit pour être à sa hauteur. Elle était décidément mignonne, cette petite. Et son prénom était tout bonnement charmant! Le docteur, après avoir jeté son regard dans celui de la neko qui lui faisait face, ajouta :

"Un peu... ou même beaucoup."

Il ne comprenait même plus lui-même pourquoi il tenait tant à l'aider. Peut-être était-il d'humeur charitable, peut-être l'histoire de cette petite lui faisait pitié et lui donnait envie de la rendre heureuse, ou encore autre chose d'autre... Quoi qu'il en soit, il se sentait animé par un sentiment protecteur vis-à-vis de l'adolescente.
Il se releva et garda son regard dans les yeux de Natsuko. Elle avait quelque chose d'envoutant, de sauvage et de surprenant en elle.

Natsuko renifla un peu, signe que l'averse était imminente. Ca faisait bien six mois, soit depuis qu'elle n'avait plus vu son grand-père, que quelqu'un ne s'était pas montré aussi gentil avec elle. La petite fille un peu paumée n'avait mine de rien pas énormément de chance. Tout ça à cause d'une stupide potion.

Décidant de mettre le peu de maturité dont elle avait difficilement réussi à faire preuve de côté, la petite neko vint se serrer contre Sylvian, comme si il était une énorme peluche, et se mit à pleurer à chaudes larmes.

Parce qu'elle n'était pas normale, parce que c'était dur, la vie, parce que son papy était mort, parce qu'elle n'avait plus personne au monde, et parce qu'il était gentil. Tout un tas de très bonnes raisons.

"P...Pourquoi il est m...mort, mon papy ?"

Grande question du jour. Bravo Natsu, tu progresses.
Rooh bon ça va je suis méchante, je me tais.
Toujours est-il que l'adorable petite gamine, si elle avait réussi à se calmer quelques minutes plus tôt, avait repris la crise de larmes de plus belle. Ca faisait mal, de perdre la seule personne qui lui avait jamais témoigné de l'affection.

Sylvian faillit sursauter lorsqu'elle se jeta sur lui mais ne dit rien.
Il se contenta de passer à son tour ses bras dans le dos de la toute petite neko.
Il se releva au bout de quelques secondes et expliqua doucement, en présentant sa main à Natsuko pour qu'elle la prenne et qu'ils marchent côte à côte, histoire de s'éloigner de la source de l'odeur putride qui se répandait presque jusque là ;

"Il arrive un moment ou chacun doit passer une porte vers un autre monde. Parfois meilleur, parfois moins bon, mais en laissant toujours des gens derrière eux. Dans très longtemps, tu le rejoindras. En attendant, tu dois être heureuse dans la vie, au maximum."

Il lui sourit et regarda le ciel. Le soir tombait doucement, offrant une luminosité crépusculaire et très douce à la scène. Sylvian regarda Natsuko et se remit à sa hauteur, pour essuyer les larmes qui perlaient encore près de ses yeux avec sa main.

"Aller, viens. Et souris, c'est bien plus joli que quand tu pleures, tu sais... Je n'habite pas si loin d'ici, on pourrait y être en peu de temps.... Tu me fais l'honneur de m'accompagner?"

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