Félins

Natsuko regarda Sylvian avec un drôle d'air, dans le genre hésitant. Elle ne faisait pas attention aux moments où elle dormait, puisque ses journées, elle les passait généralement à s'ennuyer dans une cage. Comment chronomètrer quand tout ce qu'on voit est un public odieux ?
Elle gratouilla les oreilles de Chaussette, pensive.

"Euuuuuh... Ne dors quand ne dois dormir... Z'ai pas d'heure précise, c'est comme manger. Quand je mange, c'est que j'ai faim, quand je dors, c'est que j'ai sommeil. Je parie que Chaussette fait comme moi, d'ailleurs. Moi si tu veux, ne veux bien essayer de dormir aux heures où il faut dormir..."

A vrai dire, elle aimait bien se promener de nuit, plutôt que de jour où elle croisait des regards peu amicaux. Un exemple type était le petit coucou qu'elle était allée faire au gnôme de la chasse d'eau quelques heures plus tôt, mais ce n'était pas là ses habitudes : elle était trop fatiguée pour ne pas remonter se coucher, alors qu'usuellement, elle aurait fait un petit tour, peut-être même dehors, avant d'aller se rendormir.

Elle haussa les épaules avec un sourire à sa seconde phrase. C'était une petite fille obéissante : elle ferait ce que le médecin lui dirait.

"Ca, c'est comme tu veux... J'peux t'aider si t'as envie, mais je sais pas si je suis très utile. Donc m'occuper de Chaussette, c'est ptet mieux, non ? Et pi... Aller promener, aussi, c'est chouette !"

Natsu-chan n'était pas consciente des dangers de Lughan, mais savait s'y orienter plus ou moins. Aussi elle ne savait pas combien elle avait de la chance d'être entière après être passée dans certains quartiers où elle s'était faufilée discrètement, juste par curiosité.

Elle coula un regard hésitant vers Sylvian.

"Tu en dis quoi ?"

La petite neko bâilla, et se pelotonna confortablement contre le médecin, en attente d'une réponse. C'était quand même cool, la vie bien au chaud.

Sylvian soupira doucement. C'était exactement la réponse qu'il se doutait qu'il allait avoir, et c'était la réponse qu'il ne voulait pas avoir. Natsuko était libre, et il ne voulait la contraindre en rien, mais, sérieusement, la savoir seule dans les rues...
Si au moins Chaussette était capable d'aboyer, ou au moins d'éternuer, là, il aurait pu jouer au chien de garde pour protéger la petite. Mais non, même pas. Quelle chose inutile, quand même... Bref.
Le médecin esquissa un sourire, et, après avoir pris une voix préventive, mais peu contraignante, lui dit doucement :

"Ecoute, je ne veux pas t'interdire quoi que ça soit, ni t'embêter comme si j'étais ton père ou qui que ça soit d'autre. Mais, tout de même, j'aimerais mieux que tu ne traines pas trop dans certains quartiers de la ville, toute seule. Je sais que tu as déjà fait ce genre de choses, mais..."

Il s'arrêta. Il n'y arrivait même pas. Ah, quand même, les enfants, ça crée vraiment des soucis... Mais des tas de joies aussi. Il réfléchit quelques secondes à la suite de son explication avant de se décider :

"Mais... Il y a des gens moins gentils que moi qui sont parfois aussi dans la rue, et ça pourrait être dangereux pour toi. C'est tout... Je m'inquiète un peu."

Alendyn arriva enfin devant la porte de ce médecin dont elle avait tant entendu parler lorsqu'elle vivait encore avec ses parents. Et puis cela faisait maintenant un moment qu'elle n'était allé consulté personne. En fait, que lui aurait-on dit ? Qu'ils ne pouvaient rien y faire ? Ce n'est pas ce genre de réponse qu'elle voulait, elle n'aimait pas se faire de faux espoirs mais si elle n'avait, ne serait-ce qu'une petite chance pour soigner son autre oeil, autant en profiter!

Elle frappa donc trois coup bref à la porte, espérant que ce médecin là lui donerait de meilleurs arguments si jamais il lui répondait par la négative.

Les oreilles de Natsuko se redressèrent brusquement, signe qu'elle avait entendu quelque chose. Il fallait bien avoir une ouïe féline, quand même, pour capter les trois petits coups frappés à la porte...

Elle se leva et dévala les escaliers sans plus de cérémonie. Après tout, maintenant, elle était chez elle, non ? Elle ne manqua de se ramasser que trois fois, ce qui était un bon début.
La petite fille ouvrit la porte, passant juste la tête par l'entrebaîllement. Chose stupide, comme chacun le sait, car un psychopathe peut toujours arriver par derrière pour refermer la porte d'un coup sec. Mais nul psychopathe avéré à l'horizon, n'est-ce pas ?

Une drôle de madame attendait dehors, et en brave petit chat de garde, la neko s'informa :

"Bonzour ! Vous v'nez voir Sylvian ?"

Elle n'avait pas l'air méchante, la madame, mais bon, le médecin avait l'air de douter de ses capacités à être méfiante, alors... Ce devait quand même faire bizarre, de voir une tête enfantine vous regarder avec un air inquisiteur derrière une porte.

Sylvian soupira. Elle était vraiment intenable... M'enfin. Sylvian doutait fortement que quelqu'un de vraiment dangereux vienne le déranger lui, bras droit d'Hazel. Par contre, certains blessés n'étaient pas jolis à voir...
Il rattrapa la neko et la vit questionner la visiteuse suspicieusement.
Elle apprenait vite quand même, cette petite. Il remercia rapidement Natsuko en lui caressant docilement le haut de la tête, puis ouvrit la porte en grand en disant :

"Eh bien..."

Il fit une courte pause. Il ferma les yeux, inspira un grand coup, puis se lança dans la magie lumineuse. Ses pupilles semblèrent se dilater, puis prirent une couleur blanchâtre. En réalité, comme Alendyn ne portait rien pour cacher son visage, c'était la seule chose que le médecin pouvait pénétrer avec son regard si particulier, qui le caractérisait.
Sa respiration devint, l'espace d'un instant, haletante, voire erratique, puis il redevint normal, de même que ces organes visuels reprirent leur teinte habituelle.

"...On dirait bien que c'est cela, oui. Mademoiselle, vous ne voyez plus que d'un seul oeil, je crois bien. Et ça ne date pas d'hier. Ca ne va pas être facile, et je n'aime pas opérer dans cette partie du corps, mais je crois pouvoir vous aider... Peut-être."

Il sourit à Natsuko, et s'écarta pour laisser la patiente rentrer. Il s'adressa à sa petite soeur (ou animal de compagnie, comme vous voulez), sur un ton professionnel :

"Natsu-chan? Tu veux bien me rendre un service, et aller me chercher la petite boite cylindrique qu'il y a sur le bureau de mon labo? je sais que je t'ai demandé de ne pas y aller, mais ici, je vais en avoir besoin."

Le médecin avait à présent tout son sérieux. C'était censé être son jour de repos, mais bon.... De plus, il n'était pas très en forme. Il réfléchit quelques instants. Opérer dans l'instant aurait été dangereux, pour le patient, et pour lui aussi, si il utilisait trop son petit don de voyance. Il passa délicatement sa main dans ses propres cheveux et se mit à réfléchir à toute vitesse. Enfin, il se tourna vers l'inconnue et lui lança ces paroles :

"Bien! Alors... Aujourd'hui, je suis censé être en congé. De plus, la journée à été épuisante, et il commence à se faire tard. Si je dois vous soigner, ça sera demain matin. Ce soir, je pourrais juste vous ausculter un peu mieux que mon approche rapide d'il y a quelques minutes. Si vous le désirez, vous pouvez dormir ici. J'ai un canapé de libre. Quel est votre nom?"

Alendyn fut surprise lorsqu'on lui ouvrit la porte de voir une jeune fille... jeune fille avec des oreilles de chat. Elle avait un regard si innoncent, ALendyn ne pu s'empêcher de lui sourire chalereusement.

" Oui, je viens le voir. "

Elle allait lui demander si elle pouvait le faire venir mais ce dernier arriva juste à temps. Elle allait justement lui donner l'objet de sa visite mais, il la devança. Cela l'a surprit et elle se demanda comment il avait fait. Elle se senti légèrement 'trahie', il venait de découvrir ce que la plupart des gens ne pouvait distinguer car son oeil aveugle n'était pas blanc comme il aurait du l'être. Mais ce sentiment reparti aussitôt, elle se contenta de lui sourire lorsqu'il lui dit qu'il pourrait peut-être l'aider.

Peut-être. C'était déjà bien mieux que la plupart des réponses qu'on lui avait apporté, mais d'un côté elle savait aussi que soigner son oeil ne serait pas choses facile.

Puis, il lui dit qu'il était en congé et ajouta même de l'héberger. Il avait l'air d'être quelqu'un de très gentil, c'ets ce qui lui traversa l'esprit.

" Je suis désolée, je ne savais pas que vous étiez en congé, si j'avais su je ne serais pas venu vous déranger aujourd'hui. Et je... habituellement j'aurais décliné voter offre mais j'avoue qu'il commence à se faire tard et qu'il vaut mieux que je ne traine pas trop dehors. J'accèpte donc votre inviation, c'est vraiment très gentil à vous. "

Elle marqua une pause avant de se présenter.

" Je m'apelle Alendyn Cielane Van Helicell Daune. "

Elle sourit en pensant que jamais il ne retiendrait tout ça, il devait se demander où ses parents avaient été chercher tout ces noms, une fantaisie de noble encore.

" Mais vous pouvez m'apeller Alendyn. "

Natsuko était restée dans l'entrée juste le temps de savoir qui était la visiteuse. Bof, elle avait un nom trop long. Pas besoin d'écouter, puisque de toute façon, "m'dame", c'était plus court.
La petite neko fila à travers la maison.
Boîte cylindrique, cible programmée !
Très professionnelle dans sa mission, Natsu-chan regarda bien partout en rentrant dans le laboratoire si des choses bizarres n'avaient pas muté au contact des produits que Sylvian utilisait. Une invasion de tables-zombies serait quand même un désastre pour l'économie : comment les nourrir sans priver les vaches de leur pâture quotidienne ?

Laissant là l'épineuse question de la nourriture tablesque, elle essaya de déterminer où la boîte se trouvait. Visiblement, depuis la dernière -et première- visite qu'elle avait fait dans le laboratoire, la sournoise petite chose avait changé de place. Elle finit par la repérer, bien cachée derrière un microscope à éclairage vert pomme, dont elle se demanda ce que le médecin pouvait bien en avoir à faire. Mais c'était un mystère qui resterait sans doute entier.

La petite fille ramena fièrement son butin à Sylvian, qui ne devait sans doute pas se rendre compte de la dangerosité de cette mission d'importance capitale. Elle lui fourra la boîte dans les mains, et baissa les yeux. Non non, pas timide. Juste que Chaussette venait de lui passer sur les pieds avec un air profondément inspiré, si bien sûr un félin peut être inspiré.

Comprenant le message, Natsuko rentra dans son jeu. Qui consistait à attraper le chat. Autant dire que ce fut quelque chose qui ressemblait à une danse de sioux autour des deux adultes, jusqu'à ce que la gamine capture le chat dans un câlin qui la fit rire aux éclats. Elle ne se rendait même pas compte que c'était d'une discrétion à toute épreuve, la pauvre choupinette.

Sylvian attrapa la petite boite et l'ouvrit, pour en sortir un genre de cachet rond, de couleur blanc cassé. Il s'excusa rapidement au près d'Alendyn et sortit de la pièce, évitant au passage les deux félins qui leur tournaient autour en courant.

Une fois dans sa salle d'eau, il se servit un grand verre d'eau fraiche dans un gobelet en verre, et lâcha le médicament dedans. Concentré de vitamines. Il en avait besoin... Son pouvoir l'avait épuisé, une fois encore. Une fois le cachet dissolu dans l'eau, le médecin but le liquide d'une traite, grimaçant légèrement à cause du goût. Il s'essuya la bouche avec le dos de sa main, puis, après avoir pris une grande inspiration, retourna dans le hall où il dit :

"Parfait. Donc, Demoiselle Alendyn, si vous voulez bien vous donner la peine de passer dans mon cabinet..."

Il la fit passer dans la salle d'attente, puis dans l'endroit réservé aux patients, situé derrière une porte, dans le fond de la salle d'attente, tout en questionnant Natsuko du regard pour savoir si elle voulait venir aussi ou pas. Bref. Ils passèrent donc la seconde porte.

Le dit cabinet était assez grand, mais bien rempli; une traditionnelle couchette trônait au milieu, on trouvait le bureau du docteur jonché de dizaines de papiers et de quoi écrire, ainsi que de quelques fioles. Il y avait aussi divers meubles et commodes, dont certains tiroirs étaient ouverts, et où on pouvait donc voir divers instruments étranges de médecine, ainsi que des boites de médicaments.

Il y avait une bibliothèque aussi. Juste à côté du bureau, elle était remplie de livres en divers langues, de toutes les tailles et de toutes les grosseurs. D'un côté, on pouvait trouver un ouvrage tout fin mais très haut appelé "Reconnaître l'imbécilité chronique.", de l'auteur "Aiallidrüs, tandis qu'on pouvait apercevoir un ouvrage très gros mais pas très grand nommé "Problème d'obésité" par Mr. Sahm.

"Bien, Alendyn, si vous voulez bien enlever votre manteau et ce qu'il y a juste en dessous et vous assoir sur la couchette, ça sera parfait. J'aimerais faire un petit chek-up complet de votre santé, pour déterminer votre réaction face à certains anesthésiques que je compte utiliser demain matin, pour l'opération..."

Alendyn sourit en voyant la jeune fille et le chat s'amuser, ils avaient l'air de plutôt bonne humeur c'était agréable.

Elle ne se fit pas prier lorsque le médecin lui demanda de venir dans son cabinet. Elle observa le décor de cette pièce, ce qui lui vin t à l'esprit c'est qu'il devait être plutôt occupé pour que tout soit aussi désordonné. Ou peut-être était-ce ainsi qu'il travaillait. Il paraissait que certaines personnes travaillaient et retrouvaient mieux leurs affaires lorsqu'elles n'était pas rangées. Une théorie sur laquelle Alendyn ne s'était jamais vraiment penchée, elle était plutôt ordonnée et aimait que chaque chose soit à sa place, du moins chez elle. Sinon elle mettait un temps fou à tout retrouver.

Elle écouta les directive de son nouveau médecin et commença à s'assoir sur la couchette tout en enlevant son manteau. Comme il le lui demanda elle enleva sa robe sans pudeur. Depuis le temps que les médecin lui demandait de faire ça elle s'y était un peu habituée, et puis il n'y avait aucune cicatrice sur son corps alors elle n'avait aucune raison d'avoir honte de le montrer.

" Voilà, je suis prête. "

Elle rit un peu nerveusement, elle se retouvait en sous-vêtement, attendant qu'il l'osculte. Il lui paraissait bien professionel en tout cas ce Sylvian, alors qu'il était en congé il prenait quand même la peine de s'occuper d'elle. Elle devrait le remercier ça c'était certain.

Natsuko continua de jouer, sans même s'aperçevoir que seul Chaussette restait avec elle. A vrai dire, pour elle, le chat était une compagnie passionnante, puisque compagnon de jeu inépuisable.

Quoique, inépuisable... Il vint un moment où il se posa au milieu du hall, haletant comme un chien -suprême insulte, quand même- et visiblement épuisé.
L'énergique petite fille le regarda d'un air surpris, avant de regarder les alentours. Oops... Elle avait loupé un épisode.
Embarquant le félin dans ses bras, elle sortit de la maison, se disant que peut-être elle avait fait un peu trop de bruit. Et pi, comme elle l'avait dit plus tôt, c'était chouette, les promenades.

-> Suite ailleurs.
'Musez vous bien. ^^

Sylvian contempla l'espace d'une seconde le corps sans faille de sa patiente. Ce n'était pas la première jeune fille qu'il soignait, mais, cependant, même si il était habitué à ce genre de situations, il n'arrivait pas à s'empêcher de trouver Alendyn rayonnante de beauté.

Le médecin souffla un bon coup, puis marcha lentement jusqu'à la porte du cabinet pour la fermer, vu que, apparemment, Natsuko et le futur repas félin du lendemain ne venaient pas. Le médecin afficha un sourire sadique en s'imaginant en train de manger Chaussette, puis commença un examen complet de la santé de sa patiente.

Tout en testant sa respiration, en écoutant les battements de son coeur, ou en vérifiant ses réflexes, le docteur parlait d'une voix douce, un peu faiblarde par moment, mais jamais hésitante, démontrant sa concentration dans ses gestes et ses actes :

"En général, mes honoraires sont relativement élevés... Pour ce genre d'opérations. Cependant, je n'accepte pas que de l'argent, si jamais vous ne pouviez pas payer la totalité de la somme... Cependant..."

Il marqua une courte pause. Devait-il continuer à parler? Il hésitait, mais le concentré de vitamines qu'il avait prit commençait à se diffuser dans son corps, et, comme si il s'était dopé, il ressentait à présent une énergie nouvelle émaner de partout en lui. Après s'être reculé un peu, il termina sa phrase d'une traite, en parlant sans se presser :

"Je sais ce que c'est de ne plus voir. Même d'un oeil, c'est horrible."

Avec son index, il pointa ses propres organes visuels :

"Ceux-ci ne sont pas d'origine. Les miens ont été arrachés quand j'étais gosse."

Après cette petite révélation, il se retourna, détournant son regard perçant du corps si attirant d'Alendyn. Il marcha jusqu'à une armoire. Toute sa fatigue s'était envolée à présent. Il n'aurait su dormir, et avait à présent une envie irrésistible de soigner la jeune fille sur le champ. Ses vieux souvenirs qu'il aurait préféré oublié lui revenaient à la tête, et il était troublé.

"Finalement, je crois que je vais vous opérer tout de suite. Je soigne toujours seul, mais je le fais bien. SI tout se passe de façon optimale, vous recouvrez la vue d'ici une semaine. Votre oeil devra rester bander en permanence. Il est assez abimé, de ce que j'en ai vu."

Alendyn écouta avec attention les paroles de son médecin. Elle sourit lorsqu'il lui parla du prix, elle lui répondit aussitôt.

" Ne vous en faite pas pour le prix, j'ai bien les moyens de vous payer. "

Elle ne chercha pas vraiment à comprendre comment on le payait lorsque l'argent ne suffisait pas, en fait pourquoi aurait-elle cherché à comprendre ? Après tout elle avait largement la somme suffisante pour payer le docteur.

Elle lui sourit encore lorsqu'il utilisa le terme 'horrible' pour décrire l'état dans lequel elle devait être. Elle répondit d'une voix douce et clair :

" Allons, ne dramatisez pas. Être aveugle n'est pas un si grand handicap, j'ai encore mon autre oeil pour m'aider. Et puis en fait, je me suis plutôt habituée à voir d'un seul oeil, seulement... je pense que je devrais retrouver toutes mes facultés pour..."

Elle hésita mais continua quand même sa phrase.

" Pour prouver que je suis encore vivante. "

Cette phrase ne voulait rien dire pour Sylvian elle s'en doutait bien mais c'était son problème après tout, elle lui en parlerait un jour si jamais ils restaient en contact.

Par contre elle fut étonnée d'apprendre que les yeux du médecin n'était pas de naissance, on lui avait arraché les siens alors qu'il n'était qu'un enfant.

Elle ne pu s'empêcher d'approcher sa main de son visage, un peu hésitante elle attendit quelque secondes, comme pour lui demander son autorisation avant de toucher sa peau. Elle laissa glisser ses doigts sur ses paupières, c'était un geste tout ce qu'il y a de plus doux.

Etrangement il voulait la soigner tout de suite, quelle retournement de situation, n'était-il pas fatigué tout à l'heure ?

" Vous n'êtes pas obligé, vous pouvez vous reposez ça n'a aucune importance que vous me soigniez aujourd'hui ou demain. Enfin si vous voulez quand même m'opérer maintenant ça ne pose pas de problème. "

Elle accompagna ses paroles suivante d'un sourire.

" On dit que la haine que ressent quelqu'un en vous blessant se transmet dans la cicatrice qu'il vous reste. Peut-être est-ce pour ça que mon oeil a du mal à s'en remettre. "

Elle rit nerveusement en pensant qu'il n'y avait rien de scientifique dans ses propos. Puis, elle décid de s'en remettre à Sylvian pour l'opération, quelque soit son isue, au moins, ils auraient essayé.

Sylvian afficha un sourire sans joie. Il marcha jusqu'à un meuble, en sortit une seringue, une fiole, et dit, sans plus de détours :

"Bien. On va donc opérer tout de suite. Je prépare le tranquillisant. Ne vous en faites pas, l'anesthésie est totale. Vous allez juste faire un petit dodo... Et vous réveiller demain matin, avec un peu de chance."

***

Six heures. Sylvian ouvrit -ou plutôt, essaya d'ouvrir- un oeil et puis l'autre. Comme tous les matins, la douleur quotidienne que ses organes visuels lui infligeaient était là, présente. Il tituba jusqu'à sa boite de médicaments personnelle et s'appliqua les soins nécessaires. Il s'était endormi sur le canapé de son salon, après l'opération... Il ne savait même pas où était Natsuko. Il s'occuperait d'elle plus tard, tant pis. Rapidement, il s'assura de l'heure, puis réfléchit. L'endormant qu'il lui avait soumit n'allait plus tarder à disparaître totalement, et il préférait être présent au réveil de sa patiente.

Il marcha avec empressement vers son cabinet, et referma la porte derrière lui à double tour une fois rentré. Il alla fermer la seconde porte, puis regarda dormir Alendyn pendant quelques instants. En théorie, l'opération s'était assez bien déroulée, mais de là a être certain qu'elle revoit parfaitement... Peut-être allait-elle devoir porter des verres correcteurs quelques temps? Ca allait dépendre d'elle. Chose certaine : interdiction totale d'enlever le bandeau qui lui barrait l'oeil endommagé avant une bonne semaine. Trop risqué.

Un air paisible, ce vent chaud qui parcoure votre nuque. Un ciel bleu ou blanc, dificile à distinguer tant il est clair.

Une larme.

Les feuilles d'érable traverse ce ciel si limpide et le transperce de couleur orange, rouge. Elles valsent à l'infini comme si en franchisant toutes les lois de la gravité, et doucement elles retombent sur le sol.

La larme qui a coulé tombe lentement su run sol transparent et disparait de la surface de cet univers.

Du sang.

Des cris sourd traversent la pièce, une pièce blanche qui n'a aucun meubles. Pourquoi même les dégradés de gris qui forment les ombres sont si peu présente ?

Du sang coule sur la chaise.

Soudainement, Alendyn reprit conscience. Quelle drôle de rêve tout même... au goût nostalgique et mystérieux. Elle ouvrit lentement son oeil et de sa main elle toucha instinctivement le bandage de son oeil invalide. Elle avait mal à la tête mais ce n'étai tpas insupportable, elle s'assit er vit enfin Sylvian. Elle lui fit un sourire fatigué.

" Bonjour Docteur. "